
Noguchi, dans sa conférence sur la réprimande entre immédiatement dans le vif du sujet et donne ce premier conseil : « Quand vous faites une réprimande, vous avez un interlocuteur ; il faut toujours faire en sorte que l'autre personne comprenne (...) Quand je dis que le partenaire doit comprendre, cela signifie que cela ne va pas si celui à qui la personne s'adresse se trouve tout d'un coup submergé par un flot de reproches. Et c'est une erreur de la part des parents ou des enseignants de faire inconsidérément des réprimandes aux enfants. On doit parler de manière à ce que l'autre ait la possibilité de comprendre. Pour cela, il faut se préparer pour exprimer ce que l'on pense en termes simples et compréhensibles ».
Maître Noguchi donne un exemple d'une situation à éviter : une mère qui, pour une raison ou une autre, rouspète toute seule pendant un bon moment : tout se passe comme si elle se remontait à bloc, l'activité intérieure tourne à plein à propos d'une bêtise quelconque de son fils ; alors, dès que l'enfant rentre à la maison, elle se met à le gronder en dévidant une suite interminable de mots. L'enfant, surpris, n'y comprend rien du tout et n'a plus qu'à se fermer les oreilles en attendant que l'orage passe. (Il arrive que le même processus se passe avec le mari ou à l'inverse entre le mari et sa femme !)
Parler en termes simples et compréhensibles ; ce conseil paraît bien évident et élémentaire, mais pas facile à appliquer lorsque l'on est remonté par une bêtise (parfois répétitive) de l'enfant ou par la fatigue de la journée ou pour toutes sortes de bonnes raisons et que l'énergie de la colère bouillonne. L'idée d'attendre, de laisser passer cette colère et de se préparer pour exprimer une réprimande peut se révéler bien utile et pertinente.
Mais l'expression de la colère comporte aussi des vertus dans les cas d'urgence : les plus grands sages de toutes les traditions se sont aussi mis dans de grandes colères. Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler.
Le plaisir dans la réprimande à la lumière de l'énergie vitale
Maître Noguchi pense que si l'enfant ne comprend pas la réprimande, ce n'est pas seulement les mots utilisés qui peuvent être en cause. « Il arrive parfois que quelqu'un se mette à crier dès le début de toutes ses forces. L'autre personne est effrayée par le ton de la voix » sans avoir compris la raison de la réprimande.

Image © noguchi-haruchika.com
Maître Noguchi explique : « Si dans votre esprit les questions sont toutes embrouillées et que vous exprimez des griefs sans avoir démêlé les problèmes, les enfants ne pourront pas comprendre et ils cesseront brusquement d'entendre ce que vous leur dites. »
Les choses vont s'expliquer par la circulation de l'énergie chez les personnes. Maître Noguchi était un maître japonais qui était allé très loin dans la connaissance des flux de l'énergie vitale, le fameux « Ki » des traditions orientales. Qu'en est-il donc de la circulation de l'énergie dans le processus de la réprimande ?
Maître Noguchi : « Si l'on considère la réprimande du double point de vue de celui qui la fait et de celui qui la reçoit, il y a du côté du premier le plaisir de donner libre cours à son énergie , c'est-à-dire qu'il y a un plaisir dans l'action de réprimander, ce qui entraîne un danger, celui de réprimander trop (...). Ainsi celui qui reçoit la réprimande trouve que cela dure longtemps alors que pour celui qui est en train de libérer son énergie, cela semble durer un court instant et il aura ainsi tendance à en dire trop.»
Pour les japonais, lorsqu'une personne est en colère, elle a accumulé du Ki c'est-a-dire de l'énergie au niveau de son plexus, et il devient alors inévitable que cette énergie se libère. L'expression de la colère peut réaliser cette libération comme une explosion. Pour certaines personnes, un bruit sec et aigu peut également aider cette libération du Ki - c'est pour cette raison qu'il arrive que des assiettes soient cassées dans les moments de grandes colères ; lancer un coussin par terre ne produit pas le même effet qu'une assiette ou un vase ! On comprend, en passant, les raisons de l'usage des gongs dans certaines cultures, ou le rite de frapper des mains dans les arts martiaux. Il s'agit notamment de libérer le Ki accumulé.
Remarquons encore que les explications de Maître Noguchi ne comportent aucun jugement sur les personnes, juste une description des phénomènes et de leur résultat.
Pour revenir à la réprimande, l'idéal c'est qu'elle atteigne son objectif, c'est-à-dire qu'elle soit comprise. Comment s'y prendre ? L'article suivant donnera quelques pistes présentées par Maître Noguchi.
L'éducation selon Maître Noguchi :
- Introduction
- La réprimande - I
- La réprimande - II
- La réprimande - III
- La réprimande - IV
- La louange - I
- La louange - II
- Carl R. Rogers
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